Valérie Trierweiler : un dernier tweet et puis s’en va

25 janvier 2014. 22h19. Paris se pare de son samedi soir. Les rues s’éclairent de rumeurs, en cet hiver qui ne finit pas de doucir. Hollande va t-il annoncer publiquement une séparation d’avec la journaliste Valérie Trierweiler ? La dernière première dame tient une valise à la main. La scène s’éternise. Enfin, une dépêche AFP rabat fermement le rideau. Valérie Trierweiler quitte le palais présidentiel.
Sous la petite pluie tiède qui danse insolemment, elle tapote un dernier Tweet.

Un tweet chaleureux pour répondre à une dépêche glaciale

   » Toute ma gratitude va à l’extraordinaire personnel de l’Elysée. Je n’oublierai jamais son dévouement ni l’émotion au moment du départ. » Remettre l’humain au coeur de ses attentions quand un homme n’a plus de coeur. Telle était la dernière déclaration publique de Valérie Trierweiler en tant que locataire de l’Elysée.

 

Le tweet de Valérie Trierweiler daté du 25/01/14
Le tweet de Valérie Trierweiler daté du 25/01/14

Aux antipode de la dépêche AFP du président, expéditive, narcissique et glaciale, le Tweet de son ex-compagne est chaleureux, touchant, attentif.

 Il n’y a de personnel à l’Elysée que ceux que la langue française nomme à dessein « le personnel », nous confie une Valérie Trierweiler enfin libérée du palais où elle étouffait depuis quelques semaines. Hollande a fait preuve de maladresse en traitant un conflit intime comme on gère un cabinet présidentiel. Le cabinet, quant à lui, s’est montré soulagé de cet arbitrage, et n’a pas pris soin de gratifier la récente ex-compagne du président d’un quelconque signe de sympathie.

Burlesque contre merveilleux : deux versions du Vaudeville de l’Elysée

 Au sujet de sa supposée liaison avec la comédienne Julie Gayet, le président Hollande s’est complu a jouer la comédie jusqu’au bout, flatté du costume de coureur de jupons que lui avait tout à coup taillé la presse people. Goguenard, il avait laissé son casque sur la tête pour ne pas répondre aux questions posées par la presse lors de sa conférence donnée le 14 janvier dans la salle des fêtes du palais présidentiel.

A la fable grotesque du président répond le conte de la première dame déchue. Avec son Tweet posté peu avant minuit, Valérie Trierweiler se pose en  » Cendrillon’ de la République. Le carrosse est redevenu citrouille. La journaliste se souvient soudainement d’où elle vient, et le rappelle avec émotion aux Français : elle a grandi dans un milieu populaire, proche de ce « personnel de l’Elysée » auquel le tweet fait écho.

 Comme les derniers mots de Cendrillon, le tweet de Valérie Trierweiler a le parfum fané des désillusions.

L’Elysée, ces allées dorées que l’on traverse le coeur battant les premiers mois, ces hautes fenêtres qui vous apprennent à dire « je » en haussant la mâchoire comme un cheval de course… Jusqu’au soir où le président vous répudie à travers une missive rendue publique, sans tact, sans une once d’humanité. Un monde dépourvu de tout sens de la gratitude.

  » La bonne grâce est le vrai don des fées ».concluait Perrault à la fin de son Cendrillon ou la petite pantoufle de verre. La morale du conte défait de Valérie Trierweiler à l »Elysée ?

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Clara Schmelck
Clara-Doïna Schmelck, journaliste, philosophe des médias. Rédactrice en chef adjointe d'Intégrale - est passée par la rédaction de Socialter ; chroniqueuse radio, auteur, intervenante en école de journalisme et de communication (Celsa ...).

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