D-Day : quand France Inter live-tweete le Jour le Plus Long

« Que se passait-il à cette heure, il y a tout juste 70 ans ? Revivez le DDay avec @franceinter » : 70 ans après le débarquement Allié en Normandie, dont le soixante-dixième anniversaire est célébré aujourd’hui, la radio publique française a décidé de live-tweeter le Jour le Plus Long.

Le succès du Rétro-Live

Un compte en rouge vieilli, des brèves d’une précision dont auraient rêvé les soldats et les civils suspendus aux ondes secrètes de Radio Londres  : Twitter est un média privilégié quand il s’agit de créer l’effet d’ une immersion totale.

Le compte France Inter D-Day, qui fait revivre chaque minutes du Jour le Plus Long
Le compte France Inter D-Day, qui fait revivre chaque minutes du Jour le Plus Long

France Inter confie avoir complété sa couverture par une offre rétro-live pour éviter d’avoir à s’en tenir au commentaire du discours commémoratif du président Hollande en Normandie ou encore du récit du parcours du combattant qu’ont du réaliser TF1 et France 2 pour s’acquitter des droits de retransmission auprès des agences.

Une plongée omnisciente dans le passé qui soulage le lecteur de la trivialité du présent. Indispensable en ce 6 juin 2014, qui convoque les mémoires parfois encore vives.Une commémoration à la manière d’un rétro-game 

Pour France Inter, il ne s’agissait pas seulement de formaliser sur Twitter des données historiques, de délivrer suivant la chronologie de la journée du 6 juin 1944 des dates, des photographies ou des témoignages, mais d’engager une commémoration vivante.

Louis Castel, le soldat de fiction crée par le Mémorial de Caen et tweeté par France Inter D-Day
Louis Castel, le soldat de fiction crée par le Mémorial de Caen et tweeté par France Inter D-Day

Pour cela, c’est le modèle du rétro-gaming qui a été choisi. France Inter-DDay incorpore ainsi à sa Time Line des tweets d’utilisateurs qui sont à leur tour remontés dans le temps, à l’instar de Louis Castel, le GI de fiction créé par le Mémorial de Caen.

 « 6h40, on se cramponne. « 29 let’s go ! » La rampe s’abaisse…putain mais l’eau, elle est rouge ! » se lance @louiscastel44.

« A la limite du docu-fiction, genre déjà bien connu mais généralement réservé à la télévision, ces « rétro live games » se multiplient grâce aux nouveaux outils extrêmement simples d’utilisation» observait Erwann Gaucher en 2012 déjà («Les médias se mettent au rétro-live», 10/07/12).

A la faveur des nouveaux modes de partage de l’information, le rétro-live est propice au partage. Parce que les événements qui sont devenus aux yeux de tous de grands moments de l’histoire, épousent aisément la forme d’un récit, on peut les donner à rejouer.

Les médias sont prêts à créer ainsi avec les internautes du passé recomposé.

Le live donne la sensation irremplaçable d’être propulsé au coeur de l’action, et de la vivre en temps réel. Ce faisant, nous n’avons pas l’impression que d’être détourné du présent, mais au contraire, de le vivre intensément.

Car, si l’internaute avait le sentiment qu’un média d’actualité lui parlait du passé par crainte d’affronter les affres du présent, il est certain que ce dernier s’en désengagerait.

 

 

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Clara Schmelck
Clara-Doïna Schmelck, journaliste, philosophe des médias. Rédactrice en chef adjointe d'Intégrale - est passée par la rédaction de Socialter ; chroniqueuse radio, auteur, intervenante en école de journalisme et de communication (Celsa ...).

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