Plus de 300 ans à elles seules : ces quatre sœurs originaires de Mossoul songent sérieusement à fuir Bagdad face à la menace d’une attaque imminente des djihadistes ce dimanche 27 juillet. Dans la capitale irakienne, la situation est devenue, en l’espace de moins d’un moins, un calvaire pour une communauté chrétienne millénaire.
De Mossoul à Bagdad, le chemin de croix des Chrétiens d’Irak
A Mossoul, l’ultimatum lancé au mois de juin par les jihadistes de l’EIIL a jeté les familles identifiées chrétiennes sur les chemins de l’errance et du refuge provisoire. Entre 20 000 à 25 000 Chaldéens auraient fui la seconde ville d’Irak. Dans la capitale, les Irakiens de confession chrétienne vivent dans la peur d’être à leur tour visés par une persécution systématique.
Les lieux de culte, qui sont des lieux d’accueil et de parole, permettent d’enregistrer les événements qui se produisent. C’est pourquoi les ministres des cultes constituent une source d’information pour les journalistes. Dimanche 27 juillet, Intégrales Productions s’est entretenu avec Monseigneur Jean-Benjamin Sleiman, archevêque de l’Eglise Latine de Bagdad, et témoin d’un quotidien de plus en plus oppressant.Les menaces, intimidations et humiliations physiques intentés aux Chrétiens par des hommes se revendiquant de l’EIIL s’intensifient depuis deux semaines.
« Il est faux de parler de guerre »
L’archevêque bagdadi décrit une situation où la population civile, chrétienne comme musulmane, d’ailleurs, doit faire face à des fondamentalistes qui détruisent l’intégrité pour pouvoir exister seuls. Face à la peur quotidienne que vivent les chrétiens, il évoque la nécessité impérieuse d’encourager le dialogue oecuménique, quand la population est parfois tentée de parler de « guerre de religion ».
Or, la persécution des chrétiens par les fondamentalistes de l’EIIL ne s’inscrit pas dans une logique de guerre, étant donné qu’il n’existe pas deux belligérants, comme c’est le cas dans un confit, et que l’usage des armes est pour l’instant unilatéral.
Jean-Benjamin Sleiman estime qu’il est faux de parler de guerre, et encore plus de guerre de religion entre chrétiens et musulmans, étant donné que les fondamentalistes du Califat s’attaquent aussi à l’Islam : les hommes de l’EIIL ont détruit, jeudi 24 juillet, au prétexte qu’elle était devenue un lieu d’apostasie, une mosquée historique de Mossoul qui abritait la tombe de Jonas, prophète reconnu dans chacun des trois grands monothéismes.
Emery de la Batue
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