En direct d’Alger
Deux jours après la sortie du dernier numéro de Charlie Hebdo, des manifestations ont été organisées ce vendredi à travers tout le continent africain pour protester contre la une du journal, qui représente à nouveau une caricature du prophète Mohammed. Intégrales Productions est en direct d’Alger, où plusieurs milliers de manifestants réclamaient « le respect du prophète », et prévoient aujourd’hui d’entamer de nouvelles marches la semaine prochaine. « Ce n’est pas le blasphème le problème, c’est l’offense faite aux musulmans », font ainsi valoir certains manifestants. Un point de vue largement méprisé par la presse française, estiment-ils.
«Je suis Mohamed», aborde Zahir, huit ans, sur sa petite pancarte en carton. Depuis quelques jours, cette phrase détournée du « Je Suis Charlie », qui avait rassemblé près de deux millions de Français la semaine dernière, est scandée partout dans les rues la capitale algérienne.
« Ce journal, c’est décidément de la nitroglycérine ! » s’agace Leïla, étudiante en médecine à Alger. « La liberté d’expression n’est pas la liberté de provocation », fait-elle valoir.
Selon le journal algérien El Khabar, une marche de lycéens a eu également lieu jeudi à Tlemcen.
Certains manifestants crient, de manière assez audible « Je Suis Kouachi », considérant les deux frères, auteurs de l’attaque contre le journal satirique français, comme des « martyrs ».
Ce samedi 17 janvier, le Mouvement Démocratique et Social (MDS), évoquait une « marche islamiste organisée en faveur du terrorisme ». Pour ce mouvement politique, ceux qui ont appelé à marcher hier marquent indéniablement leur attachement au projet d’Etat théocratique, et livrent par anticipation une justification de nouveaux assassinats.
Ce n’est pas l’avis de Kader, étudiant algérois venu manifester hier, » pas pour faire l’apologie du terrorisme, mais pour refuser que l’on insulte notre prophète dans l’indifférence ».
« En France, la loi autorise le blasphème, mais ce n’est pas une question de blasphème, c’est une question d’offense », estime pour sa part Khalil, un autre étudiant que nous rencontrons. L’offense, qui, de l’avis de beaucoup d’algérois en ce moment, est un grief indument tourné en ridicule par la presse française, plus attachée que jamais à conserver son esprit voltairien.
Clara Schmelck à Paris, avec Farouk Atig à Alger
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