En Libye, le Parlement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, vient d’ajourner, via le canal de Facebook, sa participation au dialogue parrainé par l’ONU. Une décision qui pourrait compliquer la tâche des Etats qui privilégient la solution politique à l’option militaire, alors que le pays s’enfonce dans la crise . – Nos reporters sont sur place.
Ce jeudi 26 février, la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul) avait programmé au Maroc une nouvelle étape du dialogue inter-libyen, à laquelle étaient conviés des représentants du Parlement élu et reconnu ainsi que ceux du Congrès général national (CGN), le Parlement sortant qui a été réactivé par la coalition Fajr Libya.
Mais, les représentants du parlement de Tobrouk ont décidé de ne pas se présenter autour de la table : lundi 23 février, le Parlement libyen élu en juin dernier et replié depuis dans cette ville de l’Est du pays, a annoncé sur sa page Facebook qu’il ne participerait pas aux discussions en cours menées par les Nations unies.
Pourquoi avoir choisi Facebook comme canal diplomatique ? Sans doute pour signaler de manière directe et immédiate cette décision surprise à la presse du monde entier. Et de la justifier sans subir le filtre des codes diplomatiques d’usage.
Les motifs de cette décision, un député, sous couvert d’anonymat, les a en effet exprimés sur cette même page Facebook : si le dialogue aboutissait à un consensus omnium scellé par les Nations Unies, la communauté internationale pourrait imposer des pressions pour intégrer des islamistes d’Aube Libyenne, voire même de la branche libyenne du groupe EI, au sein d’un futur gouvernement transitoire.
Il faut savoir que ce retrait a été décidé suite aux attentats terroristes survenus vendredi dans la ville d’Al-Qoba. Cette attaque, qui a fait plus de 40 morts, a été revendiquée par la branche libyenne de l’EI. Selon nos sources, l’une de ces attaques visait le domicile du président du Parlement, Aguila Salah Issa.
L’impossible sortie de crise
En proie au chaos, la Libye est depuis presque neuf mois dirigée par deux Parlements et deux gouvernements rivaux, dont les aspirations se contredisent : le premier, qui siège à Tripoli, est en connivence avec la coalition de milices islamistes Fajr Libya (Aube Libyenne) ; le second, qui siège à Tobrouk, est reconnu par la communauté internationale.
A l’initiative de la Manul, les représentants des deux Parlements s’étaient rassemblés le 11 février à Ghadamès, dans le sud du pays. Le chef de la Manul, Bernardino Leon, avait en outrer tenu des réunions séparées avec les délégations, aux fins d’un accord sur la formation d’un gouvernement d’union nationale.En réalité, les autorités de Tripoli et celles de Tobrouk s’étaient à peine parlées.
Cependant, le groupe Etat Islamique s’installe dans le pays et plonge les populations dans le chaos. Récemment, le groupe fondamentaliste terroriste a entrepris une persécution des coptes égyptiens de Libye. (L’Organisation internationale pour les migrations estime qu’entre 330 000 et 1,5 million d’Égyptiens travaillaient dans le pays jusqu’à la chute de Mouammar Kadhafi en 2011). Le 15 février dernier, 21 Coptes ont été décapités par les hommes de l’EI.
Derniers articles parClara Schmelck (voir tous)
- Médiapart : Edwy Plenel passe la main - 15 mars 2024
- Argentine : fermeture brutale de Telam - 4 mars 2024
- Arrêt sur photo : l’enterrement d’Alexeï Navalny - 2 mars 2024
- Cnews respecte t-il le pluralisme ? - 13 février 2024
- « Je sais que je ne suis pas » : entretien avec ChatGPT4 - 9 septembre 2023