La Museum Week encourage t-elle plus l’art du « Fav » que le jugement de goût ? 3 questions à Benjamin Benita

La seconde édition de la #MuseumWeek  s’est déroulée du 23 au 29 mars. L’initiative est venue des musées français, qui souhaitaient dynamiser la fréquentation de leurs établissements. Le concept ? A chaque jour correspond un mot-dièse particulier, qui invite à se rendre dans un musée et à publier un tweet, une photographie, ou une vidéo Vine  accompagnée par ce hashtag sur twitter.

Coordonner la visite et la découvertes des musées  à l’usage des réseaux sociaux permet-il d’augmenter et de démocratiser la découverte des lieux de culture ?  » Instagramer » et « tweeter » une oeuvre, est-ce amener le musée à soi ou aller vers le musée ? Faire un selfie devant un tableau de David, est-ce  véritablement découvrir et éprouver singulièrement une pièce qui appartient au patrimoine culturel commun ?  Le débat ne fait que commencer. 

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– 3 questions à Benjamin Benita, chargé de la présence numérique du Palais de la Découverte et de la Cité des Sciences et coordinateur de la MuseumWeek en France.

Clara Schmelck, Intégrales Mag :  La #museumWeek 2015 a généré 180 000 tweets vus 237 millions de fois  en une semaine (source : Twitter France), ce qui représente 4,5 fois plus de participants que l’édition passée de la MuseumWeek. Ce taux d’engagement correspond-il à vos objectifs en terme de résultats ?

Benjamin Benita, coordinateur de la Museum Week en France : Nous pensions doubler le chiffre de fréquentations de 2014, or nous l’avons quadruplé.  Nous sommes très heureux de ce résultat tout en ayant conscience qu’en valeur absolue, ce chiffre peut encore croître fortement : aux seuls Etats-Unis il y a environ 35.000 établissements culturels…

CS : Pensez vous que l’opération, furtive, aura permis de sensibiliser durablement les fameuses générations « Y » et « Z » aux musées, ainsi que les gens qui d’ordinaire se rendent peu souvent au musée ?

BB : Il est vraiment trop tôt pour répondre à cette question, le pôle évaluation de l’opération vient de livrer à l’analyse des données par le laboratoire parisien de recherche  MoDyCo , et nous livrerons les résultats en toute transparence.

CS : Mais, lier Twitter aux musées, n’est ce pas favoriser la « selfie attitude dans ls musées ? » Le « fav » au lieu du développement du jugement de goût ?

BB : C’est un projet multi-facettes dont l’intention première est de célébrer la culture et les institutions qui la représentent. Que l’on s’y divertisse est une grande force (Rappelons que l’organisation internationale des musées (ICOM) définit un musée comme un lieu de « délectation ») !

Mais, le projet éditorial repose sur la conviction que les musées sont des éléments constitutifs de nos sociétés, couplé à un attachement d’ordre affectif à la Culture. Regardez comme les musées ont été malmenés dans le monde récemment…les musées n’ont pas toujours existé, ils sont précieux pour notre développement.

Nous avons essayé par deux fois de montrer qu’il était possible d’utiliser son téléphone portable pour faire autre chose que du selfie !

– la journée #inspirationMW avait pour objectif d’utiliser son téléphone portable pour capter l’autour de soi de l’art, de l’histoire, de la science,…
– la journée #poseMW avait pour finalité d’utiliser le musée comme un décor, s’y incorporer, jouer avec les œuvres et les dispositifs. Quand vous organisez un concours de Poésie, 100% des contenus proposés de sont pas forcément de la poésie…

En tous cas, force est de contacter que l’opération #MuseumWeek rompt avec la logique de recommandation algorithmique en matière de contenus et de visites culturelles. 

 

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Clara Schmelck
Clara-Doïna Schmelck, journaliste, philosophe des médias. Rédactrice en chef adjointe d'Intégrale - est passée par la rédaction de Socialter ; chroniqueuse radio, auteur, intervenante en école de journalisme et de communication (Celsa ...).

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