Le 24 septembre 2016, a ouvert à Washington le premier musée national dédié à l’histoire de la culture afro-américaine. Ce lieu symbolique des deux mandats du premier président Noir des États-Unis abrite quelque 34 000 pièces. Black Lives Matter !
Un story telling des symboles
Barack Obama, premier président Noir des États-Unis, a inauguré samedi 24 septembre un nouveau bâtiment de plus de 37 000 m2 situé près de la Maison Blanche. Il rassemble plus de 34 000 pièces rassemblées depuis dix ans, soit – soulignons-le – deux ans avant la première investiture de l’actuel locataire de la Maison Blanche. Obama aura en fait non soutenu et accéléré le projet d’un musée parcourant l’histoire et de la culture des africains-américains lancé de plus longue date.
Dans le musée, les collections sont structurées selon un story telling du récit national de l’émancipation progressive des Noirs américains. Les objets sont classifiés selon une logique « vistor centric », c’est à dire en fonction du parcours du visiteur qui déambule dans le bâtiment. Le visiteur commence sous terre pour éprouver la période de l’esclavage (1619-1865). Il remonte ensuite progressivement : la ségrégation (abolie en 1964), la lutte pour les droits civils, les multiples et diverses contributions des Afro-Américains au patrimoine militaire, culturel et sportif jusqu’à nos jours.
Récit national ou science humaine ?
A l’issue cette grande marche, le visiteur conclut que les Noirs Américains ont finalement obtenu l’égalité en droit et en fait avec les Blancs. Un récit téléologique à nuancer : en 2014, la police américaine a tué cent Noirs non armés, soit une moyenne de près de deux morts chaque semaine, rappelle une enquête de Spicee : « aux USA, les préjugés racistes sont devenus les balles d’une police entraînée dans le culte de l’ultra-violence. » Plus récemment, dans la nuit du 23 septembre 2016, la ville de Charlotte (Caroline du Nord), a connu de vives tensions après qu’un homme noir de quarante ans a été tenu en joue par des policiers avant d’être abattu. Les vies des africains-américains vaudraient-elles donc moins que celles des autres citoyens ?
En période de troubles, le musée apparait comme un lieu de conciliation nationale. La muséographie présente enfin le récit jusqu’alors dispersé et souvent méconnu des noirs américains, l’histoire d’une partie des citoyens de la nation, et par cet acte, elle les reconnait définitivement comme tels, ce qui exclut toute représentation raciste des Noirs.
Toutefois, on peut s’interroger sur la vocation du musée : consolider – voire réparer- un récit national à un moment où le mythe du melting pot américain prend la poudre ou interroger les documents (tissus textuels, objets, photographies…), suivant la démarche propre des sciences humaines ? Au delà de sa dimension mémorielle indispensable, quelle est la valeur scientifique de ce nouveau musée ?
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