Jeudi 4 et vendredi 5 mai, au Venezuela, les mobilisations contre le projet du président Maduro de convoquer une assemblée constituante,se sont intensifiées, à la faveur d’un mouvement étudiant actif à travers tout pays.
Jeudi, un dirigeant étudiant de 33 ans a été tué « après avoir reçu plusieurs coups de feu » selon la justice, alors qu’il se trouvait dans une assemblée étudiante d’une université de la région d’Anzoategui, sur la côte au nord du pays. Selon le dernier bilan établi par la justice depuis début avril, 35 personnes sont mortes.
Le face-à-face n’a plus rien d’un combat à fleurets mouchetés. En l’espace d’un mois, plus d’une trentaine de personnes ont perdu la vie lors des manifestations réclamant des élections anticipées. Conscient qu’il commande toujours la fidélité des militaires (le chef de l’armée et ministre de la défense, Vladimir Padrino Lopez, a évoqué une « loyauté inconditionnelle »), Nicolas Maduro entend ne rien céder. De part et d’autre, une guerre d’attrition se met en place.
Ligne de fracture
Le Venezuela est plus que jamais déchiré entre pro- et antichavistes (du nom de l’ancien président Hugo Chavez, de 1999 à 2013). Deux camps, deux hubris, deux postures radicalement antagonistes et impossibles à réconcilier.
Cette ligne de fracture, patente depuis de longs mois, est une nouvelle fois apparue en pleine lumière le 19 avril. Ce jour-là, l’opposition, majoritaire au Parlement depuis les élections législatives de décembre 2015, avait appelé à la « mère de toutes les manifestations ». Un appel auquel Nicolas Maduro et ses thuriféraires avaient répondu du tac au tac, en exhortant leurs propres partisans à organiser la « marche des marches ».
Etouffée par la crise liée à la chute des cours du pétrole – qui fournit à l’Etat 96 % de ses recettes en devises – et à l’incompétence des autorités, la population souffre. Au fil des mois, l’accès aux médicaments et à la nourriture devient de plus en plus difficile, ce qui favorise le développement de la malnutrition.
Le « régime Maduro » se ressent aussi au niveau économique : l’inflation, hors de contrôle, progresse continûment. Elle pourrait atteindre 1 660 % cette année, selon les prévisions, pour le moins alarmistes, du Fonds monétaire international (FMI).
Dans ces conditions, il n’est guère étonnant que la fronde populaire s’amplifie. Mais jusqu’où ira – et pourra aller – la résistance, incarnée notamment par Henrique Capriles Radonski ? La confusion règne. En attendant, sûr de sa puissance, le pouvoir a lancé de nouveaux slogans sur les réseaux sociaux. L’un d’eux célèbre « quatre ans de victoire et de loyauté » ; un autre qualifie le président d’ « indestructible ». Preuve, s’il en était besoin, que le régime est prêt à toutes les extrémités pour se maintenir en place.
– A.J, avec C.S
Aymeric Janier
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