Ces photos de la bataille de Mossoul sont libres de droits puisqu’aucun média ne voulait les acheter

Le photographe Kainoa Little a couvert une partie du conflit de Mossoul (Irak), en avril 2017. Mais comme il n’a trouvé aucun acheteur pour ses clichés, il les a mis en accès libre sur Internet, sur la plate-forme Igmur. Une manière de dénoncer la crise de la profession de photo-reporter.

Pendant plusieurs semaines, Kaiona Little a suivi les forces armées irakiennes. Il a couvert l’exode des civils. Ason retour aux États-Unis, aucun média n’a acheté ses photos.

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Fatigué, le photographe a mis à disposition gratuitement ses clichés documentaires sur le site Imgur : toutes les photos sont disponibles dans la galerie qu’il a créée, et sur son site Web. Kainoa Little a en même temps crée un compte Paypal sur lequel on peut lui acheter les droits pour certains clichés, ou des tirages imprimés d’une photographie au choix.

Absolument ce qu’il ne faut pas faire!

« C’est un exemple typique de la façon de ne pas devenir un photographe en zone de conflit ! », juge la reporter brésilienne Alice Martins, basée en Irak, et qui contribue régulièrement au Washington Post. Sur Facebook, le 6 juillet 2017, elle s’adressait publiquement au photographe malheureux, qui, selon elle, manque non seulement de méthode, d’expérience mais aussi d’humilité. Attention, ça pique (extraits, traduction de la rédaction d’Intégrales) :

« 1-la guerre que vous avez vue et photographiée n’est pas quelque-chose à votre sujet, donc ne prétendez pas être une victime parce que personne n’a acheté vos photos.
2-la bataille pour Mossoul a été couverte quotidiennement depuis 9 mois maintenant par toutes les grandes organisations de presse du monde, donc vous n’êtes pas un individu qui « donne la parole aux sans voix » – vous essayez simplement de devenir connu .
3-le photojournalisme est bien plus que de prendre une bonne décision. Il comprend le contexte de ce que vous filmez, qui vient avec l’expérience et le sens du dévouement. Vos plans d’action et vos légendes erronées ou incomplètes montrent que vous n’en avez pas.
4-il y a des dizaines de photographes locaux et étrangers qui sont basés en Iraq et qui furent ici avant cette bataille, et qui resteronnt longtemps après votre départ, et qui peuvent produire des images aussi bonnes voire meilleures que les vôtres. Ils ne peuvent toujours pas toujours vendre leurs photos, mais ils n’en font pas une histoire sur eux-mêmes comme vous l’avez fait.
5-donner vos photos gratuitement aux magazines ou aux sites web cause dommage à tous les professionnels de l’industrie. Des plateformes comme instagram sont là si cela vous intéresse de raconter des histoires vécues Pas besoin de dévaluer le travail de tout le monde juste pour gagner de l’attention.
6-les zones de guerre ne sont pas des destinations touristiques.

Ce contrepoint donne à réfléchir. Il y’aurait donc deux crises qui se jouent : la première est à situer dans les conditions du reporter, de plus en plus difficiles financièrement ; la seconde dans la formation, et plus structurellement, dans l’éducation des jeunes personnes qui se lancent dans le métier.

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CM (animateur de communauté sur les réseaux sociaux) / Correspondant(e)s à l'étranger / Contributeurs/trices occasionnel(l)es / Stagiaires JRI et stagiaires presse écrite dans la rédaction pour moins de 3 mois.

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